Monts parégoriques
Chambéry, 2018Cette série a été réalisée dans le cadre de la résidence Culture et Santé au Centre Hospitalier Métropole Savoie à Chambéry.
Lors de la résidence, Julien Guinand s’est affranchi des murs de l’établissement pour restituer, à partir d’un périmètre défini, ce paysage que les malades sont contraints de délaisser, qu’ils oublient et dont ils sont tout simplement privés le temps de leur hospitalisation. La résidence a donné lieu à une exposition photographique présentée au Centre Hospitalier Métropole Savoie. Afin que les patients puissent pleinement profiter de cette restitution, l’exposition s’accompagne d’un catalogue offert dont les images sont détachables et peuvent être affichées sur les murs des chambres.
On avait délimité un périmètre autour de l'hôpital en traçant un grand cercle sur une carte. On avait pensé qu’il s’agissait du paysage natif des patients hospitalisés. En me posant la question de l’adresse, « pour qui suis-je en train de photographier ?», j’avais compris qu’il m’incombait de restituer ce paysage aux malades, celui-là même dont ils étaient coupés le temps de leur hospitalisation. De créer des « fenêtres ouvertes » sur l'histoire. Je trace d'abord sur la surface à peindre un quadrilatère de la grandeur que je veux, et qui est pour moi une fenêtre ouverte par laquelle on puisse regarder l'histoire (historia). Alberti.
Les Monts parégoriques ce sont les monts « qui calment », les monts, le lac, les pierres, les arbres, et tout ce qui compose ce paysage du commun. Ces images sont détachables, elles peuvent être affichées dans les chambres, elles peuvent susciter une forme de familiarité et de réconfort visuel pour celui qui souffre à la fois de sa maladie et de son isolement. Le regard peut y retrouver une unité perdue car l'imagerie médicale ne présente aux patients que des fragments. Elles tentent aussi de substituer à l'iconographie décorative et générique que l'on trouve habituellement sur les murs, les éléments d'un territoire réel, les espaces multiples d'une intimité territoriale. JG
Extrait du livre Monts Parégoriques, 2018
L’édition a été offerte aux patients du centre hospitalier dont les images, détachables, peuvent être affichées sur les murs des chambres.
“Et à la vérité je sais qu’il fait grand bien à ceux qui ont la fièvre, de voir peint en leurs chambres de beaux saillants d’eau vive, et des ruisseaux courant sur le gravier net comme perles ; et aussi par expérience quand une personne a perdu le repos de la nuit, s’il vient à remémorer les belles eaux claires des fontaines, ruisseaux et lacs ou viviers ondoyants doucement, adonc ladite sécheresse se vient à humecter, si que le sommeil s’en attraie, et tôt après dort-on à son aise.”
Alberti, De re aedificatoria, livre 9 chapitre 4, trad. par Jean Martin, 1553
Monts Parégoriques
2019
Publié dans le cadre de la résidence-mission Culture et Santé du Centre Hospitalier Métropole Savoie à Chambéry en 2018.
L’édition a été offerte aux patients du centre hospitalier dont les images, détachables, peuvent être affichées sur les murs des chambres.