Rokkasho
Péninsule de Shimokita, Japon2024-2025
Projet en cours.
Avec le Soutien à la Photographie documentaire contemporaine du CNAP.
Avec l’Aide à l’acquisition de matériel de la Région Auvergne Rhone-Alpes.
La péninsule de Shimokita, de par sa position très éloignée du centre du pays, constitue un « espace autre », un pays dans le pays. Et tout comme la péninsule du Nord-Cotentin, elle a été choisie en raison de sa faible densité de population pour accueillir un complexe de centrales nucléaires ainsi que des usines de retraitement de déchets radioactifs et d’enfouissement. Sur le plan de la géographie et en ce qui concerne la possibilité d’en faire une île au cas où une catastrophe s’y déclarerait, La Hague et Rokkasho sont des territoires analogues. Ce morceau de terre, battu en permanence par les vents, est l’une des régions les plus pauvres du pays. La construction de l’usine a été marquée par de nombreuses controverses entraînant des manifestations de la part de groupes écologistes dès le début du projet.
Aujourd’hui, la question du nucléaire se pose de manière aiguë ; à la fois solution supposée aux problématiques que posent les énergies fossiles et menace existentielle (notamment à cause de l’instabilité géopolitique mondiale croissante et des catastrophes climatiques de plus en plus courantes), elle fait, au Japon, entièrement partie de l’histoire tragique du pays. Ce nouveau projet se veut construit comme une étude expérimentale et comparative qui révélerait les coexistences complexes entre environnement remarquable et industrie, entre tradition et modernité, et finalement entre l’humain et son espace vital.
Ces différents éléments font partie d’une circulation initiée en 2015, premier point d’un tissage qui se poursuit aujourd’hui, reliant des territoires distants et analogues, des récits proches et lointains, des biographies et des luttes de natures différentes. Le réseau de causalité dont parlait Minakata Kumagusu peut servir de modèle. Cette enquête écologique en cours vient compléter les deux précédentes en mettant en rapport les faillites humaines, les comportements des habitants et les spiritualités qui s’y trouvent. Il ne s’agit pas d’apporter des réponses partisanes sur la question de la dangerosité du nucléaire par exemple, mais d’assumer plutôt une posture poétique, laissant intervenir les connaisseurs du «terrain» : historiens, anthropologues, géographes, dans l’espace ouvert par les images.
>>> mars 2025 — Exposition personnelle, Le Point du Jour, Cherbourg.
>>> 2026 — Publication, Éditions Le Point du Jour, Cherbourg.